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Zach Sukunda: Un parcours remarquable (FR)

Lorsque l’Impact a annoncé la dissolution du FC Montréal, en décembre 2016, le coup fut extrêmement dur à encaisser pour chacun des intégrants de cette petite famille parallèle au sein du club québécois.

Pour le latéral droit des Wanderers d’Halifax, Zachary Sukunda, qui avait fait ses débuts professionnels avec l’équipe réserve montréalaise (USL) l’année précédente, à l’âge de 19 ans, le timing de cette nouvelle était particulièrement inquiétant, mais n’a jamais mis en doute sa volonté d’être footballeur professionnel.

« L’après FC Montréal a été dur mentalement. Il y a beaucoup de joueurs qui ont arrêté le foot, mais pour moi ce n’était pas une option, assure-t-il au bout du fil, depuis sa nouvelle ville d’adoption. J’ai donc commencé à parler avec d’autres clubs de la USL, mais ce que je voulais vraiment c’était d’aller en Europe, juste pour tenter le coup, j’avais envie de vivre ça. »

Sukunda se rend donc en France où il a déjà quelques contacts, lui qui avait fait un stage de formation à Auxerre, en 2011. Mais c’est plutôt du côté de la Scandinavie que l’opportunité surgit.

« Mon bon ami Yann Fillion [ex-gardien du FC Montréal], qui était en prêt à Umeå (troisième division suédoise), m’a proposé de le rejoindre là-bas pour essayer de trouver quelque-chose au sein d’un des clubs de la région. J’ai donc pris un avion, et ensuite un train de Stockholm à Umeå, et nous avons commencé à envoyer des e-mails et faire des appels. »

Le pari s’avère rapidement payant : l’Umeå FC propose un essai au jeune Canadien, qui signe un contrat au bout de trois semaines.

« Si je n’avais pas eu cette option, ça aurait été très compliqué pour moi, je suis très reconnaissant envers Yann d’avoir mis cette opportunité devant moi », lance le natif d’Ottawa, qui a non seulement eu droit à un nouveau départ en Suède, mais surtout à une expérience de vie incomparable.

« J’ai fait un an à Umeå, j’ai joué 15 matchs et, franchement, j’y ai connu un autre mode de vie. Les Suédois adorent être dehors; ils pêchent beaucoup, il n’y a pas beaucoup de voitures, tout le monde est à vélo ou se promène à pied. C’est vraiment une autre culture, ça m’a ouvert les yeux à plein de niveaux et j’ai vraiment aimé ça… j’ai adoré mon année en Suède. Je suis devenu ami avec trois autres joueurs qui venaient aussi d’ailleurs. Un du Brésil, un de la Corée, un autre du Ghana et, avec Yann, on faisait plein d’activités en plein-air. C’était une année incroyable, et pas juste pour le soccer! »

Malgré ce coup de foudre pour le pays de Zlatan, celui qui modèle son jeu sur celui de latéraux « modernes », comme Jordi Alba ou Dani Alves – et qui est parfois utilisé comme ailier droit à Halifax –, a continué d’évaluer les options qui s’offraient à lui, principalement en raison de la situation complexe des joueurs étrangers en Suède, avec des règles très strictes quant aux visas et aux places internationales.

« C’est en discutant avec un gardien Australien venu en essai à Umeå que l’option d’aller jouer là-bas a surgi. Il m’a donné quelques contacts, j’ai discuté avec des agents qui m’ont trouvé deux options, et c’est comme ça que j’ai fini par y aller. Je voulais jouer une autre année à un bon niveau, pour être en mesure d’être prêt quand la Première Ligue Canadienne allait lancer ses activités [l’année suivante]. »

En comparaison de la Suède, l’Australie c’était « un autre monde » pour Sukunda, et pas nécessairement un monde meilleur.

« En Suède les gens étaient beaucoup plus posés, tandis que dans une grande ville comme Melbourne c’était carrément l’opposé. J’ai aimé ça, principalement à cause de l’océan et de la météo, mais je n’ai pas particulièrement apprécié le rythme de vie. Sur le plan soccer, le niveau était bon, mais le style était très différent de celui qu’on pratiquait en Suède : là-bas on bougeait le ballon énormément, ça ressemblait beaucoup à ce que je faisais à Montréal avec Philippe Eulaffroy. En Australie c’était plus, dégager le ballon, courir vite… Ce n’était pas vraiment un style qui me plaisait. »

HFX Wanderers FC Defender Zachary Sukunda (25) thanks the crowd after the game. (Trevor MacMillan/CPL)
HFX Wanderers FC Defender Zachary Sukunda (25) thanks the crowd after the game. (Trevor MacMillan/CPL)

Depuis le Land Down Under, où il a passé la saison 2018, portant tour à tour les couleurs de Hume City et de Northcote City [D2 australienne], Sukunda suivait d’un œil attentif l’évolution de la CPL et, fidèle à son habitude, il a pris les devants pour atteindre son prochain objectif.

« J’ai joint une connaissance de Toronto, qui est proche de Stephen Hart [entraîneur des Wanderers d’Halifax] et qui m’a mis en contact avec lui. Quelques jours plus tard on s’est parlé, puis on s’est ensuite rencontrés à Montréal. C’est à ce moment que j’ai vraiment eu le feeling que ça allait se concrétiser. »

Ce pressentiment était on ne peut plus juste. Le 29 novembre 2018, Sukunda devenait le tout premier joueur à signer avec les Wanderers d’Halifax, confirmant ainsi ce retour au pays tant désiré, mais tout de même en mode-découverte, dans les balbutiements de l’aventure CPL. Dix mois plus tard, l’émerveillement reste entier.

« Je trouve ça incroyable! Quand j’avais 10, 12 ans, je n’imaginais jamais qu’il y allait avoir une ligue professionnelle au Canada. Aujourd’hui, à 24 ans, je trouve ça encore fou de penser que je fais partie de la toute première ligue pro du pays […] C’est très particulier d’arriver dans une équipe où personne connaît personne. C’était difficile au début, et ce l’est encore parfois aujourd’hui. L’an dernier tout le monde était dans d’autres pays, dans d’autres clubs, et maintenant nous sommes une équipe, nous jouons ensemble. C’est fou, parce que nous avons tout de même une bonne chimie dans le groupe. C’est une situation très particulière, mais c’est très cool. »

Quand on pense « Maritimes », le soccer est loin d’être la première image qui nous vient en tête… Il s’agit cependant une réalité qui pourrait changer très rapidement selon Sukunda, avec un club qui semble réunir toutes les conditions nécessaires pour faire un tabac dans sa ville et dans la région

« Je n’ai que du bon à dire d’Halifax. À chaque jour on se promène dans la ville, on voit des drapeaux et des posters du club, des enfants qui se promènent avec leur maillot. Quand j’ai signé avec les Wanderers, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre, mais selon moi nous avons les meilleurs spectateurs de la ligue, nous avons le meilleur stade, sur gazon naturel et avec une ambiance absolument folle… c’est très difficile à expliquer. Il y a entre 6000 et 7000 spectateurs à chaque match, même les mercredis soir, même s’il pleut, peu importe : les gens veulent être là! Même si on perd des matchs, ils sont derrière nous, ils sont patients, ils savent que c’est notre première année. J’adore ça. »

En plus d’avoir trouvé un projet sportif sur lequel il peut s’investir dans une logique plus long-terme, l’ex-IMFC a retrouvé en Nouvelle-Écosse un style de vie très semblable à celui qu’il avait tant aimé en Scandinavie.

« Depuis mon passage en Suède, j’adore faire des activités en plein-air, donc quand il a commencé à faire beau ici, j’ai commencé à faire beaucoup de kayak. Dès que j’ai une journée libre, j’essaie de trouver des lacs pas trop loin – Long Lake, à 15 minutes de chez-moi est mon préféré. J’adore ça, je passe des heures et des heures sur l’eau, je me promène dans les petites îles que l’on y trouve, on fait des pique-niques parfois. Sinon, j’ai un ami à Fall River, où on peut pêcher et il y a tout plein de pistes de randonnée près de Halifax, alors ça occupe très bien mon temps libre, qui est plutôt rare avec notre horaire chargé. »

Alors que le quatrième anniversaire de la dissolution du FC Montréal approche à grands pas, Sukunda philosophe sur tout le chemin parcouru, avec pour fil conducteur, une volonté inébranlable. Celle d’être un footballeur professionnel.

« Les quatre mois que j’ai passé sans contrat après la disparition du FC Montréal, avant que je signe en Suède, m’ont permis de comprendre et de travailler la force mentale pour continuer de croire en moi, pour aller au Gym tous les matins, pour essayer de trouver une équipe avec qui m’entraîner… J’ai beaucoup mûri durant ces quatre mois, c’est une expérience de vie que tu ne peux pas acheter. »

Le parcours remarquable de Zach Sukunda est une autre preuve que la nature globale du soccer offre des possibilités quasi-illimitées aux joueurs canadiens en quête d’opportunités sportives, mais aussi d’aventure et d’apprentissages.

Ce qui est magnifique, c’est qu’avec l’avènement de la Première Ligue Canadienne, le retour au bercail est maintenant aussi un synonyme d’opportunité.

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